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Ceucidit
27 février 2008

L'affaire Fourniret, récit d'un scoop !

Ma formation fût l'occasion pour moi de discuter avec des personnes au parcours journalistique intéressant. C'est la rencontre d'une journaliste de Libération qui m'a certainement le plus marqué. Venue pour nous parler de son expérience du métier, de ses débuts, des ses difficultés et de ses réussites, c'est sans aucun doute le récit de son scoop qui nous as le plus tenu en haleine.

Fourniret

Elle travaille à la rubrique « Société », et a en charge les affaires judiciaires. Comme elle nous l'expliquait, Libération permet à ses journalistes de couvrir leurs sujets du début jusqu'au procès. Certains quotidiens préfèrent en effet que ce soit d'autres personnes qui assistent aux procès, afin soi-disant d'avoir un regard neuf. Elle nous a avoué que cette dernière solution ne l'enchantait guère. Quoi de plus frustrant de laisser quelqu'un d'autre finir son travail, après tant d'investissement personnel !

L'une de ses missions fût ainsi de suivre « l'affaire Fourniret » le tueur et violeur en série surnommé par la suite l'ogre des Ardennes. Au début de l'enquête  elle écrit un premier article pour faire le point sur les éléments dont elle dispose. Puis très vite, elle éprouve le besoin d'apporter un plus à ses écrits en allant sur le terrain pour comprendre le contexte de cette sombre histoire. La rencontre des personnes susceptibles de le connaître lui permet de récolter des anecdotes et ainsi de savoir qui il est !

C'est un drôle de personnage dont l'une des principales caractéristiques est d'avoir connu sa femme et future assistante de ses monstruosités en prison (suite à une correspondance par courrier, après que Michel Fourniret ai passé une annonce dans l'hebdomadaire "Le Pèlerin"). Il était alors incarcéré pour enlèvement et séquestration d'une jeune fille de 13 ans. Pour la faire monter à bord de son véhicule, il lui demanda de le guider afin qu'il parvienne à destination aisément. Celle-ci lui exprima ses craintes de monter avec des inconnus en regard à l'affaire Dutroux. Il lui répondit alors "c'est pire" ! Elle réussira par chance à s'échapper de sa voiture et à noter le numéro de sa plaque d'immatriculation (aidé par un automobiliste l'ayant retrouvé sur le bord de la route).

Les deux pervers se sont bien trouvés, ils formeront un pacte. Ils sont désormais "soudés à jamais". Sa compagne Monique Olivier (dont ses témoins de mariage et voisins évoquèrent avec étonnement, le choix qu'elle eu de se marier en noir) se promet de fournir à son "fauve" (c'est ainsi qu'elle le nomme) des jeunes femmes vierges en échange de sa protection (son ancien mari la frappait). Deux mois après sa sortie de prison elle lui offre ainsi sa première victime. Elle incite pour cela une adolescente de 17ans qui rentre de l'école à monter dans sa voiture. Elle prétexte le besoin de se rendre chez un médecin rapidement pour soigner son enfant en bas âge qui est installé à l'arrière. Celle-ci accepte, une femme seule n'étant point susceptible d'être dangereuse. Un peu plus loin sur le bord de la route, Fourniret simule l'automobiliste en panne d'essence avec un jerricane à la main. Il monte alors à bord...

Fourniret

Fourniret fait part aux enquêteurs d'un magot lui ayant permis de s'acheter un château dans l'est de la France. Il aurait ainsi vécu grâce à cet argent.

Celui-ci aurait été obtenu d'après les sources d'un compagnon de cellule. La police prend sa déposition sans vraiment y croire. Fourniret est machiavélique et ce récit semble être destiné à lancer les enquêteurs sur une mauvaise piste (une somme si importante dans la nature, qu'il suffit de ramasser, c'est louche). Mais voilà quand la journaliste entend cela, elle ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec une autre affaire. Elle y croit sans conviction, c'est trop improbable. Toutefois elle n'arrive pas à se débarrasser de cette idée.

Son ancienneté à Libération l'a ammené à couvrir de nombreuses histoires. Elle connaît donc bien les différents éléments des grandes affaires judiciaires. Une semaine passe et son idée la hante toujours. Elle en discute avec un confrère du Monde lors d'un déjeuner. A son retour au bureau elle se dit qu'elle a peut-être fait une bêtise. Il serait trop bête que celui-ci enquête à sa place et lui pique ainsi la vedette d'un scoop. Ni une ni deux elle met tout en oeuvre pour vérifier ce qu'elle soupçonne être.

Fourniret aurait dit vrai sur la provenance du magot.

Elle se met donc en quête de preuves en téléphonant à la plupart de ses contacts bien placés pour l'aider. Mais voilà elle n'avance pas et n'arrive pas obtenir ce qu'elle veut comme informations. Elle finit par conclure un deal avec un policier. Elle lui faire part de son histoire, en contrepartie celui-ci devra s'engager à rester discret sur la recherche de preuves. Il ne faudrait pas se faire griller sur la ligne par des confrères.

Deux jours après celui-ci la recontact. Bingo, elle a vu juste ! Ils viennent à eux deux de résoudre deux enquêtes importantes. Le fameux magot de Fourniret existait bien et son emplacement lui avait effectivement été communiqué par un ancien codétenu. Il a ainsi récolté une cinquantaine de kilos d'or (soit entre 600 et 800 millions d'euros).

Ce stock d'or était bien le fameux butin du gang des Postiches que la police n'avait jamais réussi à récupérer.

L'argent planqué dans un cimetière en région parisienne, attendait que l'un des membres viennent le chercher. Un détenu qui est emprisonné en même temps qu'un membre du gang profite lui aussi de l'hélicoptère utilisé pour s'échapper d'une prison en Italie. Il assiste à la planque du magot. Son erreur fût d'en parler lors d'une autre incarcération à un prisonnier. Ce dernier demande à sa compagne de contacter Fourniret pour l'aider, ce qu'il fait. Il doit à son tour planquer l'argent dans une maison, dans une cache qu'il doit construire. En contrepartie il touchera une part d'une butin. Toutefois il lui semble bien bête de ne pas tout conserver. Après tout il a besoin de beaucoup d'argent depuis sa sortie de prison. Mais il doit se débarrasser de la compagne de son ancien codétenu pour être tranquille. Il invente donc le besoin d'aller chercher des armes en forêt de Rambouillet. Ils se mettent alors à creuser dans les bois. Ce qu'elle ne sait pas, c'est que le trou qu'elle creuse, lui servira de tombe...

Pour en savoir plus : Michel Fourniret et Monique Olivier vont comparaître devant les assises le 27 mars prochain pour sept meurtres. Un très bon livre à ce sujet "Le pacte des Fourniret" d'Emmanuelle Maurel et François Vignolle (journalistes au Parisien) sort aujourd'hui (Éditions Hachette Littératures).

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Commentaires
C
Comme partout, il y a dans ce métier des personnes qui travaillent avec plus ou moins de conviction.
L
Ca fait froid dans le dos ! Mais c'est bien de voir que certains journalistes font des enquêtes sérieuses et arrivent à soulever des lièvres... On a trop l'image du paparazzi en tête !
Ceucidit
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